Monsieur le Président, Mes chers collègues,

Je souhaite avant d’entrer dans le cœur de mon propos avoir une pensée pour les victimes de l’attentat commis à l’aéroport d’Istanbul. Une fois de plus, des personnes ont été tuées ou meurtries dans leur chair sans considération d’âge, de sexe, de convictions religieuses ou d’opinions politiques. Cet attentat fait écho à celui d’Orlando le 12 juin dernier qui avait lui des motivations clairement homophobes.

Ces attaques répétées et diverses dans leurs objectifs, qui frappent l’Europe, l’Amérique, l’Afrique ou l’Asie, témoignent bien du fait que nous n’avons pas à faire à une guerre de religions ou de civilisations mais à une lutte entre des populations qui aspirent à vivre librement et des groupuscules qui tentent d’imposer leur vision totalitaire.

Plus que jamais, ces événements doivent nous rappeler le caractère essentiel de la mission de nos services de renseignement et de nos forces armées partout dans le monde. La France, qui assume parfois un peu seule cette mission, peut être fière de l’action de son armée.

Ces évènements doivent aussi plus que jamais nous inciter chacune et chacun d’entre nous à porter haut le message de liberté et de tolérance qui a été celui des philosophes des Lumières puis des fondateurs de la République autour de la laïcité. Nous sommes chacun détenteur d’une parcelle de cet héritage. Il convient de le faire vivre au quotidien dans nos collectivités, dans nos associations, dans nos écoles pour lutter contre les phénomènes d’endoctrinement et de radicalisation qui débouchent sur le pire.

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Dans un autre registre, ces derniers jours auront également vu deux référendums – encore qu’il faudrait parler de consultation pour être juridiquement plus juste – se tenir qui chacun ne sont pas sans conséquences sur notre région.

Attachés à une démocratie représentative, certes très perfectible, les Radicaux de gauche n’ont jamais manifesté un grand appétit pour l’outil référendaire dont l’histoire de notre pays témoigne qu’il a surtout donné lieu à une dérive plébiscitaire bien éloignée des objectifs de la démocratie participative dans lesquels il prétend s’inscrire.

Les contestations qui se sont d’ailleurs immédiatement manifestées après les résultats de ces deux consultations démontrent si besoin en était que cet outil prétendument parfait, puisqu’il est supposé être l’expression directe du peuple, est finalement tout aussi contestable que l’expression de ce même peuple par le biais de ses représentants.

Il serait néanmoins regrettable d’ajouter en plus de la confusion en ne respectant pas les résultats de ces deux consultations. Il faut au contraire en tirer pleinement les conséquences pour sortir par le haut.

S’agissant du Brexit, il acte finalement l’aboutissement d’un long processus qui a vu la Grande-Bretagne disposer d’un statut de plus en plus dérogatoire au sein de l’Union européenne. Cette décision peut être jugée regrettable mais elle doit être respectée et désormais mise en œuvre.

Il est essentiel que les négociations s’engagent rapidement pour aboutir à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et envisager dès que possible le nouveau modèle qui régira les relations entre l’Union européenne et ses Etats membres et le Royaume-Uni.

Ceci est essentiel notamment pour nombre d’acteurs économiques bretons notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la pêche ou du tourisme. Ce n’est pas tant le Brexit en tant que tel qui provoquera des difficultés pour eux. Ils sauront s’adapter finalement au nouveau cadre de nos relations avec le Royaume-Uni. En revanche, leur situation deviendra très délicate si la période de négociation et donc d’incertitude devait se prolonger. La Bretagne pourrait avoir beaucoup à perdre si la course de lenteur dans laquelle semble se lancer le gouvernement britannique devait se prolonger. Il faut dire que ceux qui ont joué avec le feu en permettant ce Brexit n’en avaient pas anticipé les conséquences concrètes. Peut-être allons-nous mesurer ainsi le coût de la non-Europe.

Cet événement majeur doit aussi nous amener à revenir aux fondamentaux de la construction européenne, c’est-à-dire un projet politique reposant sur des réalisations concrètes au service des peuples.

Que demandent ainsi les producteurs de légumes bretons qui exportent 220 000 tonnes de légumes frais, essentiellement sur notre continent ? Ils ne demandent pas moins d’Europe. Ils se souviennent des conséquences terribles pour eux des dévaluations monétaires entre les pays européens avant l’instauration de la monnaie unique. Il leur fallait jusqu’à 6 ans pour s’en remettre.

Ils demandent au contraire plus d’Europe et mieux d’Europe avec une harmonisation des règles fiscales et sociales ou des exigences environnementales. Aucune chance d’y parvenir dans une Europe où chaque Etat serait replié derrière ses frontières et dans laquelle la PAC aurait été renationalisée.

On voit ce que donne le moins d’Europe dans le secteur laitier après le démantèlement des mécanismes de régulation. Il y aurait beaucoup à dire sur l’action délétère de ceux qui, aux responsabilités en 2008 (sous l’ère Sarkozy-Fillon-Le Maire) ont définitivement enterré les quotas laitiers. Les mêmes qui ne craignent pas, dans le cadre des primaires à droite de donner des leçons à tout le monde.

Plus que jamais, il faut mieux d’Europe et plus d’Europe. Pour les Radicaux de gauche, cette séquence ne fait que renforcer la conviction qu’il faut une Europe fédérale portée par un parlement européen renforcé dans ses prérogatives et un exécutif devant lequel il est responsable.

L’autre consultation, d’une toute autre ampleur, aura concerné le transfert de l’aéroport de Nantes Atlantiques à Notre-Dame-des-Landes. Sitôt tenue, les apôtres les plus zélés de la démocratie participative en ont dénié la légitimité. Nous retiendrons pour notre part que cette consultation populaire aura confirmé les choix faits par des institutions démocratiquement élues, confirmés dans le cadre d’une enquête publique et validés par de très nombreuses décisions de justice rendues par différentes juridictions.

Il faut maintenant passer à l’action sur un dossier qui, financièrement bien moins engageant que la ligne grande vitesse pour notre collectivité, n’en est pas moins essentiel pour notre territoire.

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Le raffut médiatique autour de ces deux consultations aura surtout masqué le travail conduit dans le même temps par notre collectivité et ses élus, qui incarnent cette démocratie représentative jugée dépassée, hors du temps, inefficace.

Pourtant, c’est ce travail qui a permis l’adoption d’un plan bovin qui permet aujourd’hui d’accompagner les agriculteurs vers un nouveau mode de production plus performant économiquement et environnementalement. Je veux saluer l’action d’Olivier Allain que j’ai eu le plaisir d’accompagner sur mon territoire dans une visite de terrain. Pour user de la métaphore footballistique, j’ai eu la confirmation si besoin que nous avions le meilleur joueur à ce poste et j’ai en plus la certitude qu’aucun mercato ne viendra nous l’enlever.

C’est ce même travail qui a permis à la Région d’être présente dans le champ économique, à l’échelle des TPE, au travers du plan qui sera présenté au cours de cette session, comme à celle d’une filière industrielle telle l’automobile au travers des annonces autour de PSA.

Le travail plutôt que la résignation. Voilà finalement notre ligne de conduite parce que nous voulons que notre Région et ses habitants ne subissent pas la marche du monde mais en tirent pleinement profit.

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