Christophe Martins, Président du groupe Radical de Gauche au sein du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, est intervenu jeudi à l’occasion de la session d’installation, qui a vu l’élection de Jean-Luc Chenut à la tête de l’institution départementale. Il a rappelé les valeurs radicales (liberté individuelle, solidarité, humanisme, laïcité) et les chantiers auxquels la nouvelle majorité va s’atteler.

 

Monsieur le Président,

Mesdames et messieurs,

Mesdames les Conseillères Départementales, Messieurs les Conseillers Départementaux,

Dimanche dernier, la démocratie s’est exprimée.

Il m’appartient de saluer, au nom du Groupe Radical, l’ensemble des nouveaux élus avec lesquels nous travaillerons pendant les six années à venir. Une assemblée profondément renouvelée  avec – j’allais dire, enfin ! – une stricte parité homme/femme.

Je veux aussi remercier Jean-Louis Tourenne de l’énergie qui a été la sienne pendant 11 ans à la tête de ce département. Ces 11 ans ont profondément fait évoluer le visage de notre département. Chacun le reconnaitra !

Je veux aussi saluer – celles et ceux de nos anciens collègues qui ne sont plus à nos côtés, que ce soit par choix personnel ou en raison de l’expression démocratique. Nous devons les remercier du travail accompli. J’ai ici, et vous le comprendrez aisément, une pensée particulière pour nos amis Michel Penhouët et Pierre-Yves Reboux.

J’ai également une pensée pour les élus radicaux qui, au cours de l’histoire, ont fait vivre ce groupe, de Jean Taillandier à Christian Couet, sans oublier Marie-Thérèse Auneau.

J’adresse aussi un salut particulier à tous les agents départementaux qui, jour après jour, année après année, fournissent un travail colossal pour mettre en musique la politique départementale. Ma première pensée est dirigée vers ces femmes et ces hommes qui font le service public, qui sont le service public.

Voici quelques jours, nous avons annoncé – au cours d’une grande réunion électorale comme il en existe avant chaque scrutin – que le passage du flambeau aurait lieu. Il a eu lieu !

Le conseil départemental d’Ille-et-Vilaine a un nouveau Président : Jean-Luc Chenut.

Monsieur le Président, les Radicaux de Gauche tiennent à vous féliciter pour la qualité du débat qui vient d’être tranché par les brétiliens et les brétilliennes, pour la tonalité modérée, responsable et réformatrice, du programme que nous allons devoir mettre en œuvre ensemble. Votre investissement pendant cette dernière campagne, votre capacité d’écoute et votre sens du dialogue sont déjà remarqués.

On notera, Monsieur le Président que, dans l’histoire, vous vous êtes assis dans le fauteuil du Radical Jean AUVERGNE à la Mairie du Rheu et que vous êtes aujourd’hui à la tête de ce Département, qu’Alphonse Gasnier-Duparc, radical-socialiste, a présidé de 1935 à 1937.

Oui, le radicalisme a quasiment toujours siégé ici et nous sommes fiers d’être, même en petit nombre, les  héritiers de cette longue tradition. Comme le disait le radical Michel Crepeau, « le poids des idées n’est pas nécessairement celui du nombre »  et je suis persuadé qu’au sein même de cette assemblée, nos idées, nos valeurs, sont partagées par beaucoup d’autres.

Le Radicalisme possède une vision spécifique de l’organisation sociale et humaine fondée sur la primauté de l’individu. Il prend sa source dans l’histoire même de la République à laquelle il est étroitement lié. La profession de foi du radicalisme est composée de cinq points : « Laïcité, Solidarité, Humanisme, Tolérance, Universalisme » et il est aujourd’hui profondément Européen.

Le radicalisme place les libertés individuelles au cœur de son analyse et de son action, notamment la liberté de choisir sa façon de vivre ou de mourir, la liberté de vivre sa sexualité, la liberté d’entreprendre.

Et je tiens à le dire tout de suite, notre conception de la laïcité n’a rien à voir avec la laïcité promue par le Front National. Notre conception est humaniste dans le respect des religions et de la sphère privée. Elle n’a rien à voir avec la volonté d’exclusion et de stigmatisation.

Dans ce département aux racines, aux valeurs historiques, que certains qualifient de «  Démocratie Chrétienne », nous avons toute notre place et nous comptons bien faire vivre notre  différence, que je qualifie d’ailleurs souvent de plus value.

Monsieur le Président, les élus de notre groupe sont particulièrement enthousiastes à l’idée de faire à nouveau partie de votre majorité, majorité dont le bilan et le programme ont donc été légitimés par les urnes.

Nous sommes, socialistes et radicaux de gauche, majoritaires dans cette assemblée. Certes ! Mais, aux termes des scrutins, il y a deux chiffres qui doivent nous interpeller : celui de l’abstention d’une part et, d’autre part, celui du vote en faveur des candidats du Front National. Ces chiffres traduisent une méfiance ou une indifférence générale pour les uns, une déception ou une colère pour les autres devant l’incapacité du politique à influer, à peser sur le cours des choses, à changer la vie.

Ayons donc la victoire modeste. N’oublions pas que nous ne sommes que les locataires de cette maison commune, que nous sommes ici d’abord et avant tout pour mettre en œuvre un nouveau projet.

« L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne » : ces mots de René Char nous invitent à donner encore plus de sens à notre politique, à la rendre à chaque fois plus proche, plus compréhensible pour chacun de nos concitoyens. Cela exigera de nous  – mais comme toujours – davantage de travail, davantage de passion et de conviction.

Notre département d’Ille-et-Vilaine est un beau département. Il a un bel avenir, il va devoir accueillir : accueillir de la population, accueillir des entreprises.  Pour cela, nous devrons veiller au développement de tous les territoires de l’Ille-et-Vilaine. La nouvelle carte électorale issue des urnes montre qu’il existe – à tort, très certainement,  mais c’est  ainsi – le sentiment selon lequel le développement se ferait quasi-exclusivement autour de notre métropole.

Dans le précédent mandat, notre majorité n’a pourtant eu de cesse de promouvoir une politique d’équité entre les territoires. Nous devrons continuer. Ce faisant, nous démontrerons à nouveau tout l’intérêt que joue le département en matière d’aménagement du territoire.

Vous connaissez, Monsieur le Président, tout l’attachement des Radicaux au maintien de l’échelon départemental. Ces derniers mois, nous nous sommes très fortement engagés pour sa pérennité parce qu’il est reconnu comme le garant de la solidarité territoriale et aussi sociale.

Nous avons été entendus par le Président de la République et le gouvernement. Plusieurs amendements de nos parlementaires ont été adoptés. Je pense par exemple aux  collèges qui resteront dans le domaine de compétence du Conseil départemental ou encore aux routes…qu’il était question de transférer à la Région.

Mais ce que nous devons plus largement aux Radicaux, c’est la défense des piliers de la République. C’est dans cet esprit que les élus de notre groupe agiront car, ce qui fait notre force, c’est notre vision républicaine, humaniste, laïque. Je la décline brièvement.

Sur le plan économique, nous croyons fortement au soutien à notre économie locale par l’investissement.

Nous avons un rôle à jouer dans le soutien au tissu artisanal, à nos entreprises de travaux publics, à nos petites et moyennes entreprises, à nos commerces de centre bourg.

Le département y a toute sa place par sa politique ambitieuse d’investissement. Je rappelle que nous avons décidé un plan de relance de 30 millions d’euros en décembre dernier.

Ce plan de relance n’a pu être fait que grâce à la bonne gestion de Jean-Louis Tourenne pendant 11 ans. Nous pourrons maintenir ce cap car nous agirons dans le même esprit de responsabilité à l’égard de la dépense publique.

Le Département, c’est l’échelon qui incarne le mieux la solidarité. Il doit subsister comme échelon territorial de proximité. D’abord pour la solidarité entre les individus et entre les générations. Je ne vois d’ailleurs pas comment les intercommunalités pourraient prendre en charge ces questions. Pas plus que la Région.

Ensuite pour la solidarité entre les territoires, pour veiller à ce que les équilibres entre les zones rurales et urbaines soient préservés, que les services de proximité soient maintenus. C’est pourquoi le bouclier rural a été mis en place.

C’est pourquoi nous continuerons de desservir les territoires les plus enclavés et les plus fragiles.

Derrière ce dispositif, il y a une philosophie : la puissance publique doit veiller à l’équité et à la solidarité. C’est ce défi auquel le Département doit faire face : montrer qu’il peut agir pour plus de solidarité, pour s’assurer que ni les territoires, ni les individus ne soient mis de côté.

Ce n’est pas simplement panser les plaies. Nous devons affirmer haut et fort le rôle d’aménageur du département. C’est pourquoi nous avons besoin d’un haut niveau d’investissement et d’accompagnement.

Au cœur des territoires, au cœur de l’économie, au cœur de la vie de tout à chacun,  le département doit également se saisir des questions de société.

L’égalité des chances c’est, bien sûr, donner plus à ceux qui ont moins. Mais c’est aussi combattre tout les préjugés, permettre à chacun, en Ille-et-Vilaine, de pouvoir s’exprimer et de vivre sa différence. En un mot, faire vivre la laïcité.

Elle est importante, non pas parce qu’elle est chère aux Radicaux, mais parce qu’elle contribue à édicter les règles du « vivre ensemble ». Or, on a laissé l’extrême-droite s’approprier la Laïcité, la détourner pour souffler les braises de l’islamophobie.

La Laïcité, ce n’est pas simplement une histoire de rapport entre la religion et l’Etat. La Laïcité nous conduit vers des problématiques comme la place de la femme dans la société, le respect de leurs droits, et l’égalité Homme-Femme.

Faire vivre la laïcité, c’est aussi faire vivre notre démocratie. Nous devons absolument associer nos habitants aux politiques qui les concernent, de la définition à l’évaluation.

Nos démocraties semblent se retrouver si démunies, si incapables de penser le long terme, si incapables d’expliquer les enjeux à nos concitoyens, que certains élus pensent qu’il faudrait prendre des mesures autoritaires, quitte à mettre en suspens les procédures démocratiques.

La démocratie pourrait être la première victime de notre inertie. Nos concitoyens, souvent à raison, ont l’impression que cela fait plus de vingt ans que l’on parle de lutte contre le chômage, de déficit budgétaire, de déséquilibre de la balance commerciale, sans pour autant avoir de véritable résultat, les chiffres parlant d’eux-mêmes.

La défiance s’est d’ailleurs installée en France et entre les Français. Nous ne sommes plus capables de traiter les problèmes que notre Pays doit surmonter, d’affronter les périls économiques et sociaux, de faire vivre les valeurs qui sont les nôtres.

Nous sommes bien loin du rêve de Pierre Mendès France « d’une République résolument moderne ! » 

Nous vivons plutôt une société bloquée, où l’ascenseur social est en panne. Nous vivons dans une démocratie malade, où les symptômes sont, entre autres, la montée de l’abstentionnisme, le développement des votes de protestation et le discrédit des élus….

Il faudra pourtant la soigner, pour construire une démocratie viable et adaptée à la réalité du XXIe siècle ; une démocratie que nous voulons participative, une démocratie qui devra redonner au peuple, si ce n’est la parole, tout au moins la confiance en ses représentants.

C’est pourquoi, la crise de la représentation appelle l’intervention démocratique. Celle-ci passe aussi par la gestion locale, par des initiatives locales et par une démocratie de proximité.

Pour redonner confiance dans la vie politique française, confiance dans l’action politique et confiance en ses élus, nous pensons nécessaire que les élus fassent sentir à leurs concitoyens à quel point cette confiance est réciproque, en leur donnant davantage la parole.

Notre république a besoin de se régénérer, de passer d’une culture administrative du simple respect des règles de procédure à une véritable culture de la concertation, d’écoute et de partage.

Voilà quatre défis : contribuer à la relance de l’économie, promouvoir la solidarité et défendre les territoires ruraux, accompagner les évolutions sociales sur notre département et faire vivre la démocratie participative.

Pour les relever, les électeurs ont choisi de reconduire la majorité de gauche et notre groupe vous apportera, Monsieur le Président, dans la plus grande singularité mais aussi loyauté, son soutien et sa participation.

Parce que cette élection intervient dans un contexte  difficile  sur le plan économique, difficile sur le plan social, difficile sur le plan politique et international, nous devons, en restant les pieds sur terre mais la tête dans les étoiles, imaginer sans cesse notre futur car comme le disait Einstein « L’imagination est plus importante que le savoir ». 

Je vous remercie de votre attention.

 

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